Il était temps de tous nous réunir pour partir à la recherche de cette besace. J’étire les bras au-dessus de ma tête et détache le licol de Oklahoma qui vient de rouvrir les yeux. Elle s’était assoupie un petit instant, attendant patiemment que quelque chose se passe. Je passe les rennes par-dessus sa tête et vérifie une dernière fois n’avoir rien oublié. Sac de couchage, habits de rechanges, nourriture, eau, lampe torche…tout y est. J’amène ma monture à l’extérieur. Dans la cours, Fleur est déjà prête et n’attend plus que nous. La chouette, qui nous servirait de lien permanent avec le ranch, perchée sur la selle de Pim’s se coantorsionne en me voyant arriver. Le vent commence doucement à se lever, faisant gracieusement danser les crins de nos montures. Je croise les doigts pour que le temps tourne à notre avantage et que le ciel ne se couvre pas plus. Si cela arrivait, notre quête en deviendrait plus ardue. « Comment vas-tu ? » je demande à l’adresse de Fleur en ressanglant la jument isabelle qui tend l’encolure vers sa voisine de boxe.

Nous voilà réunis. Même si notre amie la chouette ne semble pas heureuse de partager l’expédition avec Tilla, je dois avouer que moi, bien au contraire, je suis rassurer par sa présence. Pas que j’ai peur de m’enfoncer sous les branches des arbres mais...quelque chose ne m’inspire pas dans cette forêt. La jeune femme brune, armée de son arc, pourrait nous êtres de biens des secours. Il faut savoir que, tout éduqué que je l’ai été, je n’ai aucun sens de l’orientation. Perdez moi dans une forêt, vous pouvez être certain d’avoir ma mort sur la conscience sous les quarante-huit heures suivantes. Evidemment, comme nous avons de la chance, une fine pluie se met à tomber. Pitié, que cela ne s’aggrave pas en un torrent ponctué des grondements du tonnerre. Je soupire et m’enveloppe dans une écharpe chaude avant de glisser un pied dans l’étrier. Je me hisse sur le dos d’Oklahoma qui, un peu nerveuse à cause du temps orageux, avance de quelques pas. Je me cale correctement dans la selle et, en renforçant le contact avec la bouche de ma monture, l’arrête. Je lui flatte l’encolure et dépose les rennes pour me réchauffer les mains. « Bien...comme on dirait par chez moi ; Here we go ! ». Sans vraiment leur laisser le temps de réagir, je talonne la jument qui part sur le chemin au petit galop.

Bien sûr que je suis déjà allé me promener en forêt. Mais l’ambiance était bien différente. Déjà, c’était lors d’une belle journée de printemps et je me promenais, main dans la main, avec celle qui allait devenir ma femme. D’heureux souvenirs qui ont pourtant tendance à m’irriter. Je préfère me concentrer sur ma mission plutôt que de m’attarder sur les erreurs de ma vie. Il est vrai que l’atmosphère régnant au cœur de ces bois est quelque peu oppressante. Il y a comme quelque chose qui cloche mais je suis incapable de dire quoi. Je sens qu’il manque un élément pour que je me sente en confiance. L’impossibilité de dire quoi exactement me crispe légèrement sur mes rennes. Rajoutez à cela qu’un silence pesant règne sous ces arbres. Seul le vent faisant bruisser les feuilles et la pluie s’abattant sur le parterre boueux nous parviennent. Aucune autre activité ne se fait remarquer. Pas même un petit animal qui détale ni un oiseau un peu téméraire qui aurait quitté son nid. Rien à part Fleur, Laïla, nos chevaux et moi. Il n’y a pas âme qui vive. Qu’est-ce que cette forêt maudite ? Laïla nous désigne quelques empruntes de lièvres. Je baisse le regard. En effet, de minuscules traces de pattes s’enfuient un peu plus loin. Je suis tellement soulagé de savoir qu’une vie, aussi infime soit-elle, fait battre le cœur de la forêt que je laisse échapper un petit rire. Je me reprends vite. Notre chasseuse d’élite n’a pas l’air d’apprécier que nous fassions du bruit. Un mouvement dans les fourrées, à notre gauche, me serre le ventre et me fait tourner la tête subitement vers l’origine de ce bruit. Qu’est-ce que c’est ? Je pose une main douce sur l’encolure de ma monture, essayant de me calmer et de détendre ses muscles que je sens tendus sous moi.

Au début, je ne comprenais pas vraiment ce que Fleur avait après ce rouge-gorge. Si nous devions avoir peur du moindre petit oiseau, cette quête allait être bien compliquée. Pourtant, je ne croyais pas si bien dire…Cette petite boule de plumes me paraît tout à fait inoffensive. Elle semble avoir faim alors, pris d’une certaine pitié, j’arrache deux petits morceaux de pain de mes sandwich et les lui envois. Je ne peux pas m’empêcher de sourire en le voyant se précipiter sur sa pitance. Un peu à la traîne par rapport à mes deux compagnes de voyage, j’oublis un instant la peur qui me tordait le ventre et profite du paysage forestier et de notre compagnon à plumes qui a décidé de ne plus nous lâcher. Pourtant, ma sérénité est de courte durée. La pluie ne tombe plus depuis quelques minutes allégeant un peu nos tourments mais très vite, un violent vent glacé balaye la forêt. Je ferme les yeux et rabat la capuche de mon sweat sur ma tête. Je n’ai pas pris de gants, n’ayant pas prévu que les températures dégringolent de la sorte. De la buée sort de nos bouches à chaque respiration et, contre toute attente, des flocons se mettent à tomber du ciel. D’abord fin et épars mais ils semblent s’épaissir de plus en plus. Je ne sais pas quoi en penser. Me sortant de mes rêveries, Fleur, inquiète, me demande de me rapprocher d’elles. Je talonne Oklahoma qui prends le petit trot et vient me placer entre Tilla et Fleur. Le rouge-gorge, nous suivant à la trace, se pose entre les oreilles de la Gypsy Cob que chevauche mon amie aux cheveux blonds. J’ai le sentiment que quelque chose ne tourne pas rond. Vous savez, le regard d’un oiseau n’est jamais rassurant mais celui du petit oiseau est bien pire, croyez-moi. Il semble passer la jeune femme au rayon X. Nous faisant sursauter, l’animal émet un bruit. Non pas un chant mélancolique comme ils savent si bien le faire mais plutôt un cri disgracieux, suraigu, très désagréable à l’oreille. Mon tympan est vrillé, je me bouche l’oreille et jette un regard lourd de reproches à l’animal. Ma monture est paralysée par la peur…à vrai dire, je ne suis pas bien vaillant non plus….Surtout lorsque j’entends le bruissement de plus en plus puissant de battements d’ailes se diriger droit vers nous. La nuée d’oiseaux qui se montra à nous était exceptionnelle. Ce n’était pas dix ni même vingt individus qui venaient de répondre à l’appelle du leur mais bien une cinquantaine. Oh mon dieu, cette situation me fait penser à une nouvelle terrible du grand Edgard Allan Poe. Un frisson me traverse l’échine, je n’ai pas envie de mal finir…D’autant plus que étions victime d’une illusion. Nos attaquants, bien loin d’être de simples volatiles se mutèrent en d’espèce d’hideuses petites fées bleues. Tilla pointa l’animal de son arc et Fleur ne semble pas savoir où donner de la tête. Avant que la situation ne dégénère, une idée me traverse l’esprit. « Attend Tilla ! Baisse ton arme, je ne pense pas qu’il faille s’inquièter… » je dégage quelques flocons de neige de mes épaules et souris « A vrai dire, je pense que leur venu est tout à fait ma faute… ». Je sors le sandwich duquel j’avais arraché quelques morceaux pour nourrir le Rouge-Gorge « Avec le froid, je pense qu’il est compliqué de se nourrir dans les environs…En avalant ces morceaux de pain, notre ami a dû rameuter les siens puisque nous sommes comme des….garde-manger ambulant… » Espérant que je tape juste, je jette plusieurs morceau de mon repas, attendant de voir ce qui se passe…

Voilà comment d’une virée en forêt on passe à une aide humanitaire pour de pauvres lutins affamés. J’acquiesce face à la remarque de Fleur. En effet, nous nous trouverions dans de beaux draps s’il ne s’agissait pas de la besace de Zarakaï. Disons que cela nous ferait perdre un temps fou puisque nous devrions retourner au ranch pour nous refaire à manger. Il n’y a plus qu’à croiser les doigts. Soit ces lutins farceurs ont bon fond et nous ont rendu l’objet de notre quête soit…nous nous sommes fait avoir comme des bleus. Pitié que la première option soit la bonne. En tout les cas, ces êtres bleus e paraissent bien plus sympathiques. J’espère ne pas me tromper à leur sujet. Visiblement, Fleur n’ose pas ouvrir la besace, de peur d’être déçu. Je suis moi-même un peu tendu. Je manque de lâcher un cri quand, d’une vitesse folle, celui qui semble être leur leader se plante à quelques centimètres de mon visage. Je dois avoir une tête de poisson hors de l’eau avec mes yeux arrondis et ma bouche légèrement entre ouverte. Que me veut-il ? Je déglutis difficilement. Finalement, le lutin bleu se contente de me flatter la tête comme on le ferait à un chien fidèle. Je lève les yeux au ciel et souris finalement. De sa voix suraigu, sans lâche de cri aussi strident que tout à l’heure, il rameute sa troupe. Après un dernier salut, le nuage mystique qu’ils forment à eux tous s’éloigne dans un bourdonnement impressionnant. Notre attention retombe sur cette fameuse besace. Après le vol magique éloigné de nous, un silence pesant tombe. Pour ne pas briser ce silence, je tends la main vers Fleur, lui faisant comprendre que si elle le voulait, je pouvais l’ouvrir.Voilà comment d’une virée en forêt on passe à une aide humanitaire pour de pauvres lutins affamés. J’acquiesce face à la remarque de Fleur. En effet, nous nous trouverions dans de beaux draps s’il ne s’agissait pas de la besace de Zarakaï. Disons que cela nous ferait perdre un temps fou puisque nous devrions retourner au ranch pour nous refaire à manger. Il n’y a plus qu’à croiser les doigts. Soit ces lutins farceurs ont bon fond et nous ont rendu l’objet de notre quête soit…nous nous sommes fait avoir comme des bleus. Pitié que la première option soit la bonne. En tout les cas, ces êtres bleus e paraissent bien plus sympathiques. J’espère ne pas me tromper à leur sujet. Visiblement, Fleur n’ose pas ouvrir la besace, de peur d’être déçu. Je suis moi-même un peu tendu. Je manque de lâcher un cri quand, d’une vitesse folle, celui qui semble être leur leader se plante à quelques centimètres de mon visage. Je dois avoir une tête de poisson hors de l’eau avec mes yeux arrondis et ma bouche légèrement entre ouverte. Que me veut-il ? Je déglutis difficilement. Finalement, le lutin bleu se contente de me flatter la tête comme on le ferait à un chien fidèle. Je lève les yeux au ciel et souris finalement. De sa voix suraigu, sans lâche de cri aussi strident que tout à l’heure, il rameute sa troupe. Après un dernier salut, le nuage mystique qu’ils forment à eux tous s’éloigne dans un bourdonnement impressionnant. Notre attention retombe sur cette fameuse besace. Après le vol magique éloigné de nous, un silence pesant tombe. Pour ne pas briser ce silence, je tends la main vers Fleur, lui faisant comprendre que si elle le voulait, je pouvais l’ouvrir.

Evidemment, tout ceci aurait été trop beau. Après tout, nous avions prévu de rester quelques jours non ? Et bien, en voyant ce que je vois, je vous le dis ; nous en aurons besoin. Je tords la bouche, ne sachant pas par quel côté attaquer. Comment annoncer ça en douceur ? Nous avons mis tellement d’espoir dans cette besace…je n’ai pas envie de les décevoir trop brutalement. J’ai été stupide de faire confiance à ces créatures mesquines. Leur soudaine gentillesse était seulement un moyen d’apaiser nos soupçons et de nous mener en bateau. Qu’on me prenne pour un crétin, ça ne me fait ni chaud ni froid. Qu’on prenne Fleur et Tilla pour des idiotes, ça me froisse un peu plus. Leur regard insistant me presse mais j’ai toujours un doute concernant la manière de leur avouer cela. J’en ai eu des choses désagréables à confier et pour tout vous dire, je suis mauvais en l’exercice. Je regarde une nouvelle fois dans le petit sac en cuir, comme pour me persuader que mon esprit de me joue pas de tours. J’aurais aimé mais…c’est la triste réalité. « Hum…vous…vous vous y connaissez en herbe ? » Je retourne la besace qui est….totalement vide. Deux possibilités se dessinent dans mon esprit ; Soit cette besace est une fausse et le véritable exemplaire est encore quelque part dans la forêt. Soit il s’agit de la bonne, auquel cas il faudrait que l’on retrouve quelques herbes…

|A vos ordres ! :p|

Quand je vous disais que vivre avec des filles peut s’avérer fatiguant. Entre Tilla qui mentionne des champignons et Fleur qui semble assez irritée par cette erreur de notre part ; croyez-moi, je ne sais plus à quel saint me vouer. Autant se faire tout petit, continuer de cueillir sagement basilic, thym et autres herbes. D’ailleurs, je trouve cela bien étrange de trouver ce genre de plante en pleine forêt….et en plein début d’hiver glacial. Avec cette mystérieuse forêt, autant éviter de se poser trop de question. Nous avons un bon stock d’herbes mais, comme le mentionne judicieusement Fleur, nous ne sommes pas sûrs que ce soient-elles dont Zarakaï a besoin pour ses bières. En effet, il se fait tard et, comme tout le monde le sait, à cette époque de l' année, la nuit tombe à une rapidité folle, c’est un coup à nous perdre si nous ne jouons pas la carte de la prudence. Dans le doute, et pour ne pas que cette inconfortable sortie soit vaine, nous mettons nos herbes dans la besace brodée d’un « Z » en fil d’or. Je remets le pied à l’étrier. Avant de talonner Oklahoma, ma jeune amie blonde mentionne la nouvelle recrue ; Robine. « Cette gamine a des ressources, je pense que tout va bien…et peut-être que Laïla sera revenue parmi nous ». Enfin, je talonne la jument en faisant signe aux filles qu’il était temps de rentrer. Je ne sais pas si elles ont le même ressentiment mais…j’ai comme la vague impression que quelque chose nous attends là-bas…