Ecoutant vaguement Fleurine, je me perds dans les fin fonds de ma pensée. Un endroit où rien ni personne ne peut pénétrer. Un espace connu de moi seul où tous les fondements s’ébranlent au fur et à mesure que ma vie se déroule. Souvent je m’y perds, entre les épais feuillages de mes souvenirs et les brumes incertaines de mes regrets. Est-ce vraiment parce que mon existence ne me convenait pas ? Etais-je assez clairvoyant pour m’en rendre compte moi-même ? Ou justement, est-ce depuis l’apparition du ranch que je remets mon histoire en question. Je pose ma tête sur ma main, pensif, totalement déconnecté de la réalité. Mes choix, je le sais, étaient les bons. En les faisant, j’imagine que j’acceptais mes échecs et les renversais d’un geste modeste de la main. Le divorce, le voyage…c’était une façon de montrer au destin que je suis le sale gosse qui se rebelle et ne se laisse pas faire. J’ai beau être doté du flegme Anglais, je tiens encore à mes principes. La voix de Fleur, me ramenant instamment les deux pieds sur terre, je la regarde, avec des yeux ronds comme des billes, comme sortie d’un profond sommeil et cligne plusieurs fois des paupières avant de répondre. Je me redresse et affiche un sourire rassurant « Pardon, j’étais ailleurs…peut-être devrions nous montrer sa chambre à… » J’hésite un instant « …Tilla c’est ça ? »