En sortant du salon, l’air frais me fait frissonner. En levant les yeux vers le ciel, je fronce les sourcils. Quelques nuages lourds se profilent à l’horizon et le vent fait danser la cime des arbres. Prions pour que nous ne soyons pas gênés dans notre quête par un quelconque orage. Quoi qu’il en soit, il fait plus froid ce matin que je n’ai pu le croire. Je réintègre ma chambre quelques secondes , le temps de mettre la main sur un sweat « Oxford University » bleu nuit et de l’enfiler. Je dévale l’escalier et regagne l’extérieur. L e soleil se lève doucement mais la pénombre est encore reine sur le domaine. J’enfonce les mains dans les poches et constate qu’un petit nuage de buée sort de ma bouche à chaque respiration. Le froid est bien de retour. Remarquez, ça me mets plutôt du baume au cœur. Cela peut paraître étrange mais j’ai une affection toute particulière pour l’hiver. Allez savoir pourquoi. Souriant, je rentre dans les écuries. Je frotte mes mains pour les réchauffer un peu et appuis sur l’interrupteur. La lumière électrique hésite avant de se répandre dans tout le bâtiment. J’entends les chevaux qui s’éveillent doucement, ronflant et retournant la paille de leur boxe. Lentement, je marche dans l’allée des écuries, regardant les noms des chevaux et me demandant qui sera ma monture pour cette escapade en forêt. Je vais jeter un œil à Pim’s et la gratifie de quelques caresses sur le chanfrein. Sa jeune voisine, intriguée, passe la tête par-dessus la porte de son boxe et essaye de me grignoter le sweat. Je souris et la chatouille entre les naseaux. « Salut… » Je me recule et prends connaissance de son nom « …Oklahoma c’est ça ? ». Ses oreilles s’agitent alors qu’elle tente cette fois-ci de me mastiquer les cheveux. Je crois que mon choix est fait. Je vais chercher son licol à la sellerie et l’attache dans l’allée. La demoiselle n’a pas l’air bien réveillée et papillonne des yeux pendant que je lui passe l’étrille. Le temps que je finisse son pansage et elle a déjà les paupières fermement closes. J’étouffe moi-même un bâillement et l’harnache convenablement, n’oubliant pas d’attacher mon sac et mon sac de couchage. Je flatte l’encolure fine de la jument et la laisse somnoler le temps que les filles soient prêtes.

Je suis gelé, jusqu’aux os. La neige qui commence à fondre détrempe mes habits. La fatigue alourdis mes yeux et je me sens faible. Pourtant, il faut que je prenne le temps de m’occuper d’Oklahoma qui est dans un état tout aussi inconfortable que le miens. J’ai intérêt à me dépêcher si je ne veux pas que nous attrapions froid tout les deux. La tenant par la bride, je la fais entrer dans son boxe. Au moins, il fait plus chaud ici que dehors. J’ai cru un instant que c’est cette forêt magique qui avait fait tomber les flocons mais ils n’ont pas cessé quand nous sommes arrivés au ranch. C’est l’hiver avant l’heure on dirait…Je flatte l’encolure de la jument et détache tranquillement la muserolle et la sous-gorge. Lorsque je retire le mord, elle détend sa mâchoire et commence à manger le foin au coin de son abris. Je vais nettoyer la pièce métallique, pleine d’herbe mastiquée et vais la déposer dans la sellerie avant de retourner enlever la selle et le tapis trempé de sueur. Je le suspends pour qu’il puisse sécher. Je m’équipe ensuite de quelques brosses et d’un couteau de chaleur. Lorsque je regagne le boxe, Oklahoma me jette un vague coup d’œil avant de retourner à une activité plus intéressante ; manger. Consciencieusement, j’élimine le plus gros de sa transpiration pour ne pas qu’elle tombe malade et brosse sa robe légèrement entachée. Je cure ses sabots et en retire un caillou qui aurait pu la blesser. Je m’occupe encore un instant de la jument et lui offre une carotte que je lui avais spécialement préparée. Elle l’accepte avec plaisir et vérifie à deux fois si jamais je n’en ai pas d’autres dans les poches. « A la prochaine demoiselle. » Je fais en la grattant derrière l’oreille. Enfin, je peux rentrer au ranch. Tiens, j’y pense, je n’ai pas croisé Robine, elle a déjà dû rentrer. J’ai intérêt à prendre une douche avant de faire quoi que ce soit d’être, je n’ose même pas imaginer à quoi je ressemble…