Dormir ? A cette-heure ci ? Il est beaucoup trop tôt pour que je trouve le sommeil. Même si la journée a été pleine en…en nouveautés, je ne ressens pas beaucoup la fatigue. Il faut croire que la douche que j’ai pris tout à l’heure m’a redonné un coup de fouet. Les filles semblaient épuisées et, depuis que nous nous sommes quittés pour rejoindre nos chambres respectives, plus aucun bruit ne se fait entendre. Même s’il fait froid dehors à cause de cet hiver précoce, j’ai ouvert la fenêtre de ma chambre pour changer l’air ambiante. Je passe un pull à col croisé et, avant de me mettre au lit avec un bon livre, cherche mon briquet et une cigarette.

Accoudé au rebord de la fenêtre, j’allume une cigarette, profitant de ce superbe paysage hivernal plongé dans l’obscurité saisissante de la nuit. Autant vous dire que je suis bien heureux d’être au chaud pour dormir, je me voyais mal au fond de cette forêt peuplée de lutins farceurs et de certainement beaucoup d’autres créatures que nous aurons le plaisir de découvrir plus tard. Soudain, contre toute attente, j’entends quelques coups timides retentir à ma porte. Tiens ? J’étais persuadée que j’étais le seul à être encore debout. J’écrase ma cigarette et referme la fenêtre. Je me dirige, intrigué, vers la porte. En l’ouvrant, je tombe nez à nez avec Joy, la dernière arrivée avec qui je n’ai pas vraiment eu le temps de parler. Je lui souris chaleureusement et lui propose d’entrer, ce qu’elle fait en observant la pièce autour d’elle. Je ne sais pas à quoi peut ressembler la sienne et, je me demande quelle service je vais pouvoir lui rendre. Je tire une chaise pour l’inviter à s’y assoir. « Qu’est-ce que je peux faire pour toi Joy ? » Je lui demande en m’asseyant sur l’autre chaise, croisant les jambes. « Oh, et je t’en pris, tu peux me tutoyer. »

Je me sens peinée pour Joy. La pauvre, elle a tant donné de sa personne et elle se retrouve avec une minuscule chambre. Je ne l’ai pas vue mais je ne peux que la croire, elle a l’air mâché de ne pouvoir profiter d’un cocon douillet. Décidément , le ranch se montre parfois un brin capricieux envers les nouvelles recrues. Entre Joy qui se retrouve avec une pièce aussi étroite qu’un cagibi et Tilla qui n’a même pas de chambre attitrée…parfois, je me sens légèrement coupable de pouvoir rentrer tout les soirs dans une belle chambre. Je souris franchement à la jeune demoiselle qui me paraît un brin gêné. Je comprends tout à fait sa requête et ne cherche pas à en savoir plus. Un homme doit savoir rendre service sans s’immiscer. « Je t’en pris Joy, tu peux utiliser la salle de bain. Prends ton temps, je ne suis pas très fatigué. »

Joy s’est enfermée dans la salle de bain. Elle doit prendre le temps de se détendre. J’étire mes bras au-dessus de la tête et jette un coup d’œil au réveil. Il est presque vingt-trois heures mais je ne suis absolument pas fatigué. Je vais à la fenêtre et m’appuie sur le rebord, observant un instant l’extérieur plongé dans la nuit et m’imprégnant de l’air pur, avant de fermer les volets. Je tire la chaise de mon bureau et ouvre mon bloc de feuilles canson. Je commence à griffonner quelques croquis, l’inspiration m’étant revenu depuis mon arrivée, qui pourraient très bien être les prémices d’une nouveau conte que je publierais une fois que toute cette magnifique aventure sera finie ; chose qui, je l’espère, n’est pas pour tout de suite. Mes sentiments s’opposent en effet ; bien sûr, je serais heureux de retrouver certaines personnes mais je me sens tellement bien au ranch que je ne me vois pas le déserter avant un certain temps. Même si elles ont peut-être passé l’âge de lire des contes, je me ferai un plaisir de leur faire découvrir ma nouvelle création si elles le désirent évidemment. Je me souviens du magnifique objet qu’est la besace de notre ami Zarakaï et en fait plusieurs croquis sous plusieurs angles. Il s’agira certainement de l’accessoire central de mon histoire…Au coin de la feuille, je griffonne vaguement un personnage enfantin qui serait le principal protagoniste. Le déroulement de l’histoire fait son cheminement dans mon esprit alors que je suçote le bout de mon crayon, pensif.

Je me redresse en entendant la porte de la salle de bain s’ouvrir. Je me retourne et adresse un sourire à Joy qui a revêtu un pyjama assez voyant d’un joli rose clair. Elle aperçoit mes croquis et les complimente, reconnaissant l’objet dont je me suis inspiré. Je ferme mon bloc et dépose mon crayon dessus. « Merci, en effet, la besace de Zarakaï est superbe et m’a donné quelques idées… ». Je m’attends à ce qu’elle regagne sa chambre mais elle me paraît tracassée. Toujours assis sur la chaise de mon bureau, je m’apprête à lui demander ce qui la tracasse mais elle me devance. Elle me dit avoir peur du noir, elle semble vraiment terrorisée, des larmes se mettent à couler sur ses joues. Décidément, je n’aime pas voir quelqu’un dans un tel état. Je ne me permettrai pas de la juger, j’ai moi-même une phobie un peu étrange peu répandue. Je me relève et pose une main rassurante sur la joue de Joy, souriant pour qu’elle se calme. « Je comprends…et puis c’est ta première nuit ici, ça n’est peut-être pas très facile. Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? »

Bien sûr que je suis d'accord
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Très bien! Je préfère ouvrir un autre sujet et clore celui-ci alors